Comme les autres pandémies, le Covid-19 finira bien par s’éteindre. Mais comment ?

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La pandémie actuelle, liée au Covid-19, n’est pas la première que le monde doit affronter. L’histoire du XXe siècle est ainsi riche en épisodes pandémiques qui ont tous fini par prendre fin, un jour ou l’autre. Mais les circonstances amenant à la décrue puis à la fin d’une pandémie sont difficiles à anticiper, même si certains éléments peuvent accélérer le processus.

Voilà maintenant plus d’un an et demi que, confrontés aux vagues et aux variants successifs du Covid-19, les Français, et les habitants du monde entier, ont la sensation de s’être glissés dans la peau de Phil Connors, ce personnage qui, dans le film « Un jour sans fin » , est condamné à revivre indéfiniment la même journée.

C’est oublier que la pandémie de Covid-19 devrait, comme tous les épisodes pandémiques du XXe et XXIe siècle, prendre fin, elle aussi. Comment ? Le scénario est encore difficile à écrire mais certains éléments sont déjà connus, au vu des expériences passées.

Le virus ne disparaîtra pas…

« Vivre avec le virus ». Cette stratégie, édictée pour faire face, tant bien que mal, à la crise actuelle, trouvera, dans le futur, une réalité concrète mais moins douloureuse. Car on continuera bien à vivre avec le SARS-Cov-2, le virus responsable du Covid-19. Pour longtemps, si ce n’est pour toujours.

En effet, en matière d’infections respiratoires, « aucune stratégie n’est responsable de la disparition des virus », rappelle ainsi à Ouest-France Patrick Zylberman, professeur émérite d’histoire de la santé à l’École des hautes études en santé publique. Et pour cause : « les virus ne disparaissent pas ».

Seulement, s’il survivra bien, le SARS-Cov-2 devrait finir par devenir endémique, ressurgissant çà et là mais pas l’échelle mondiale, ou pas aussi massivement. C’est notamment ce que prévoyait, en juillet dernier, le patron de Moderna.

Il devrait, en plus, voir sa dangerosité baisser. « Ce virus respiratoire va finir par se comporter comme les autres virus respiratoires c’est-à-dire basculer vers une certaine saisonnalité et réduire en impact », indiquait ainsi le 19 août le virologue Bruno Lina à Ouest-France. Dans ce cas, « ces virus ne causent plus tous les ennuis que l’on connaît actuellement », note ainsi Patrick Zylberman.

L’exemple le plus célèbre de ce basculement est celui du virus de la grippe espagnole, qui a continué à circuler après l’épisode de 1918-1920, qui aurait fait entre 30 et 50 millions de morts. « Quand cette pandémie [de grippe espagnole] s’est progressivement éteinte, le virus responsable, que l’on a identifié plus tard comme étant un H1N1, est devenu saisonnier. Jusqu’à aujourd’hui, les virus grippaux qui circulent sont des recombinants de ce H1N1 ancestral », expliquait ainsi au Monde , en juin 2020, le professeur Patrick Berche.

… mais les pandémies ont bien une fin

Les virus responsables des pandémies continuent donc à circuler, plus ou moins sous la même forme. Mais, qu’elle soit due a une grippe russe (1889-1990), espagnole (1918-1920), asiatique (1956-1958) ou « de Hong Kong » (1968-1970), toutes les pandémies qu’a connu le monde occidental moderne ont néanmoins eu une fin.

Comment l’expliquer ? Pour schématiser ce scénario, Patrick Zylberman, par ailleurs auteur de La Guerre des vaccins (Odile Jacob, 2020) et de Oublier Wuhan (La Fabrique Éditions, 2021), file une métaphore, tissée auparavant par Edwin Kilbourne, un virologue américain : « On a d’abord un feu de bois, puis des braises, puis plus rien, parce qu’il n’y a plus de bois à brûler ». Autrement dit, dans une région donnée, les flambées épidémiques s’arrêtent quand les virus, avec leurs qualités propres, n’ont plus personnes à contaminer. Alors, « le virus s’en va là où il y a du bois à brûler, jusqu’à ce qu’il y en ait plus du tout ». Et le même procédé peut se répéter, en cas d’apparition de variant, jusqu’à ce que ces mutations deviennent indolores ou invisibles sociétalement.

 

La vaccination, un bon moyen de contrôle

Le virus serait-il donc le seul maître des horloges en matière de pandémie ? Pas vraiment. Car un élément peut accélérer la fin des pandémies : la vaccination qui, est, selon Patrick Zylberman, « la seule façon de contrôler une épidémie ».

À ce titre, selon le chercheur, la possibilité de pouvoir vacciner rapidement et massivement la population contre le Covid-19 est une bonne nouvelle.

Une bonne nouvelle qui n’était jamais arrivée lors des épisodes de grippes asiatique (1956-1958) ou « de Hong Kong » (1968-1970), qui auront fait chacune entre 1 et 5 millions de décès. « Les vaccins avaient une efficacité limitée, il y en avait peu, et ils sont arrivés trop tard », résume-t-il à propos de l’épisode de 1968-1970. Le virus avait alors pu se diffuser sans trop d’entraves. « L’épidémie n’avait jamais été contrôlée » et avait donc suivi son cours, jusqu’à ce qu’elle trouve une barrière, dans ses caractéristiques propres (perte de contagiosité, etc.) ou dans l’état de la population hôte (moins de personnes contaminables ou à risques, etc.).

Quid de l’immunité collective ?

« On ne l’atteint jamais », assure d’emblée Patrick Zylberman. Ainsi, même la très contagieuse et répandue grippe espagnole n’avait contaminé naturellement qu’un tiers de l’humanité. Et la proportion de personnes directement infectées est encore un peu plus faible pour les autres pandémies grippales.

Mais il n’empêche que la progression d’une pandémie porte en elle-même l’espoir de la voir se terminer : « plus il y a de gens contaminés, moins il y a de possibilités de contamination », rappelle ainsi Patrick Zylberman.

Dans le cas de la pandémie de Covid-19, à ce taux d’infection naturelle s’ajoute la vaccination. Mais même là, l’immunité collective semble difficile à atteindre, notamment du fait du variant Delta.

Ainsi, compte tenu de la très forte contagiosité de celui-ci et du fait que les vaccins ne sont pas efficaces à 100 %, « il faudrait vacciner plus de 100 % de la population »​, pour atteindre l’immunité collective vis-à-vis du Covid-19 soulignait à l’AFP l’épidémiologiste Mircea Sofonea. Une absurdité mathématique qu’il sera en effet bien difficile de concrétiser. Mais, comme le rappelle Patrick Zylberman : « on peut accélérer la fin d’une pandémie : c’est ce qu’on fait avec la vaccination ».

 

ouest-france.fr

pixabay

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